Silence, Ecologie & Spiritualité

Publié le par ODET

Nombre de philosophies et de croyances tournent autour de la notion de silence, permettant d’éloigner de soi les bruits et autres perturbations, pollutions, de notre âme. Le bruit des paroles qui ne servent à rien ou qui nourrissent les sentiments les plus conflictuels sont autant de pollutions que nos déchets qui encombrent la planète. Oui la pollution est essentiellement liée à notre mauvaise gestion de nos déchets, à notre habitude de vouloir tout pour nous, sans compter, gratuit, et de rejeter sans discernement nos – merdes -. Elle n’est donc pas l’apanage de la matière, il existe une pollution mentale humaine. L’écologie consiste à respecter les écosystèmes, et le – silence – Il ne sert pas à grand chose de se targuer de vivre – écolo – à grand renfort de toilettes sèches et de jardin bio, si à coté de cela on laisse l’esprit se nourrir de brume de colère, de bruit ressassé, si on laisse les pollutions mentales encombrer notre espace mental, voire en faire profiter l’environnement humain qui peut être le notre.

 
Quelles sont ces pollutions mentales ? Sans aucun doute toutes les pensées, les  idées, les paroles qui tournent dans nos têtes et qui nourrissent la violence, le conflit, attisent la guerre, la haine, les pensées, paroles qui colportent, murmurent, laisse courir sur l’humanité les ragots, les partis pris.

  

Cela semble encore plus probant lorsque nous croyons aux réalités de l’âme, lorsque nous entamons un chemin spirituel. Comment peut –on se targuer de spiritualité lorsque nous ne savons pas faire une place en Soi, lorsque nous ne savons pas faire – Silence ?

  

Chaque approche méditative nous y incite, afin de laisser vivre en nous l’essence la plus sacrée. Nous devons apprendre, et retrouver le sens écologique du silence, qui n’est rien de plus que la véritable « bonté ». Le Silence ouvre une place à l ‘écoute, du chant de la terre, des souffles des Dieux, de l’autre, il permet d’accueillir tout ce que le monde peut nous transmettre de scintillant. Le Silence est la place nécessaire à l’ Awen, un espace clair et paisible ou il peut s’écouler et nous inspirer. Dans le bruit point de place, point de joie que la gesticulation stérile et épuisante de nos pensées, nos dires les plus vindicatifs.

 

Ressasser, ruminer, colporter, ressemble à l’acte inquisitoire de la nuisance, c’est une magie destructrice pouvant aller jusqu’à la mégalomanie de se croire porteur d’une mission de justice. Qui peut se targuer d’être le « justicier » , la « justicière » sans traîner dans son sillage les clivages avancés d’une psychopathologie ? 

  

Nous qui croyons aux forces de l’âme, que ne sommes nous pas prudents avec tous ceux qui parlent trop ? Que ne sommes nous pas distants avec ceux qui peuvent lancer les mots qui « cassent » ,  les mots qui jugent, les mots qui polluent, entraînant dans leurs sillages toutes les pensées déchets ? Que ne sommes nous pas assez – sages - pour savoir prendre un peu de distance avec ceux qui crachent, telles des usines chimiques, tous les mots les plus nuisibles.

 

S’il semble difficile de faire fermer ces fameuses usines chimiques, il est encore plus difficile de faire taire le bruit des hommes, de leurs paroles de haine (les guerres commencent toujours par des mots). Mais nous avons un moyen de ne pas servir de support à ce type de pollution, c’est notre propre silence, laisser les mots tomber au creux de la profondeur – parce que silencieuse – de notre âme et ils se tairons d’eux même, trop vilains devant la beauté naturelle d’un paysage humain, silencieux et serein, étourdis par l’écho libre et vibrant d’un espace à l ‘écoute, sachant trier les bruits qui nourrissent et ceux qui polluent.

Nous pourrions aller plus loin dans cette réflexion.

  

Il est de coutume de dire que nous sommes ce que nous mangeons, ce qui est un euphémisme, car c’est bien la nourriture qui nous fait vivre. La facilité contemporaine, nous a fait oublier cette vérité. Sans nourriture nous mourrons et si nous mangeons mal, nous nous sentons mal. Il en est de même avec le mental et le spirituel, nous sommes ce que nous pensons, ce que nous laissons être en nous. Ainsi les pensées terribles de jalousie, de haine, de revanche nourrissent tout autant notre esprit que le pain notre corps. Nous nous remplissons toujours plus de cette nourriture. Si nous laissons envahir  notre Silence intérieur par les pensées les plus vindicatives, si nous laissons heures après heures, jours après jours résonner en nous les paroles qui cassent, qui critiquent, nous devenons une sorte de monstre rempli de cet esprit critique, cassant, cassé.

Qui n’a jamais fait l’expérience de voir un film très chargé en émotion violente et d’en être mal la nuit ? Qui pourrait certifier que nos pensées et nos mots ne nous emplissent pas, ne nous nourrissent pas ? Qui pourrait certifier qu’en pensant haine et vengeance nous n’en distribuons pas au passage à ceux qui nous entourent, nos amis, nos enfants ?


Il ne sert à rien de manger bio si nous nourrissons notre esprit et notre âme des pensées et des mots transplantés, colportés, sortis de leur contexte, en quelques sorte OGM.

  

Forts de ces réalités nous pouvons aisément conclure qu’il est judicieux de savoir cultiver le silence comme on cultive son jardin, afin qu’y pousse les fleurs et les fruits les plus suaves, les plus doux. Oui nous sommes libres de choisir ce que nous plantons dans nos jardins, mais aussi dans nos espaces intérieurs, choisissant les images que nous regardons, les bruits que  nous entendons, les mots que nous intégrons et reconnaissons. Ici réside notre totale liberté, notre totale pouvoir d’action écologique. Protéger la planète c’est aussi protéger l’homme, son corps et son esprit. Penser et dire sans répit les mots les plus sales, c’est jeter des papiers sur les chemins de nos forêts.

 

Syd

(photo du site http://www.cleanplanetassociation.org/projet.html : dechets sur un chemin de pelerinage)

 

 

 

Publié dans Druidisme

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