les Druides, les prêtres et les ouailles

Publié le par ODET

C’est une grave erreur d’imaginer la pratique spirituelle antique sous un concept moderne de religion, avec d’un coté ses prêtres et de l’autres des ouailles silencieuses et obéissantes. Le fond et la nature même du paganisme ne permettent pas ce clivage. Certes il est d’un coté ce que nous appelons les prêtres et prêtresses, mais qui ne sont pas désignés de cette manière. Ils sont dit, Druides, Bardes, Eubages, Mages, Magiciens, Sorciers, Devins ….. différents noms qui spécifient les prérogatives de chacun d’entre eux. Le terme Druide est utilisé toujours dans une globalité sacerdotale, et non dans une spécification.

Ces personnages servent le sacré et les rôles qui en dépendent, la justice, le conseil au roi, la médecine, la magie, la divination, les offrandes.  

Et rien ne nous permet d’exclure la femme de ce sacerdoce, tant elle est présente, dans les textes et les mythes (druidesses, sorcières, magiciennes, Samnites….). La magie exclusive aux druides est une de ses spécialités, il est très souvent démontré qu’elle y excelle. Dans la plupart des religions antiques le rôle de la femme n’est pas aussi visible que celui de l'homme parce que l’histoire est vue à travers les yeux des hommes principalement. Les premières études menées par Françoise Leroux parlent de « Druidesses »...

La première différence tient au fait que les religieux de notre époque sont des élites intouchables et particulièrement coupées du monde profane. Les gens du Sacerdoce antique sont des élites, non pas intouchables, (quand on a une pensée magique les fautes des druides sont chèrement payées,) et surtout pas coupés du monde profane, puisqu’ils y sont imbriquées.

Le rapport des différentes parties ne joue pas sur le « pouvoir » mais sur le « devoir », la « responsabilité », « l’interdépendance ». Il n’y a pas de Dieu pour récompenser ni de Dieu pour punir dans la tradition Celte, chacun récolte directement les effets de ses actes dans un sens non pas de rétribution ou de punition mais dans un sens de loi naturelle et de juste retour des choses.

Le bon roi est celui qui distribue bien, le bon druide est celui qui conseille bien, guérit bien . Il est donc nécessaire de faire ses preuves, et non pas seulement de montrer un « diplôme ».

Comme dans l’ancien temps à Babylone où le médecin dont le patient mourrait suite à une opération, avait la main coupée, dans le monde Celte celui qui ne prouve pas ses compétences, ne garde ni le respect ni la fonction sacrée qu’il occupe.

Ainsi les prêtres et prêtresses de nos époques sont loin de ce « service » .


Le Druide est le "spécialiste" de la question du sacré, du magique, du religieux, non pas l'unique acteur. Il n'est rien sans le sens sacré d'un savoir être (royauté), sans le sens sacré d'un savoir faire (production) ....

Autre différence majeure, le rôle des croyants. Il est encore erroné d’imaginer les croyants à partir d’un schéma moderne qui voient les acteurs comme de simples  « agneaux » assistants à des messes païennes.

Il n’y a pas dans les sociétés primitives d’un coté celui qui sait, de l’autre ceux qui ne savent rien. Au contraire tout un chacun tient son propre rôle auprès des Dieux et des Déesses de ses croyances, chacun pratique ses propres offrandes, et actes de guérison. Bien connu est le rôle du chef de famille qui procède aux offrandes familiales, celui de la mère qui connaît le secret des plantes. Si ces pratiques se retrouvent dans les pratiques héritières du chamanisme, elles sont aussi encore présentes dans nos sociétés au siècle dernier.

C’est cette réalité qui pourrait faire croire qu’il existait deux religions antiques chez les Celtes, celle des Druides venue d’on ne sait pas où, et celle du peuple, héritée des hommes de cavernes. N’est ce pas encore une fois porter un regard moderne sur un fonctionnement archaïque ?

Le païen n’est pas un spectateur, il est acteur et responsable. Il fait et il pratique ce qui lui échoie dans sa sphère personnelle, et familiale, amicale. Le religieux n’intervient que dans le cadre communautaire, aux yeux de tous (célébration des cultes communautaires, mariage, décès, conseils…) et lorsque le tout un chacun n’aboutit pas. Il est bien connu dans les communautés primitives que chacun est capable de se donner les premiers soins à base de plantes et fera appel au chaman lorsque ses connaissances n’aboutissent pas. Le Prêtre guérisseur, est le spécialiste auquel on fait appel quand le cadre dépasse le personnel ou les compétences. On n’appelle pas le « chaman » à chaque petit bobo, mais quand la situation ne se gère plus ou quand le besoin dépasse le cadre personnel.

Il n’est donc pas une religion à deux vitesses, mais une religion d’une autre nature que celles que nous avons l’habitude de voir. Les humains n’y sont pas vus comme des ignares à qui l’ont doit donner la bonne parole à grands coups de dogmes, mais comme des êtres respectables et responsables, faisant partie intégrante du monde.

Il est nécessaire quand on approche ces anciennes croyances de se délester de nos habitudes et de nos structures mentales, nous devons réapprendre à voir autrement. Ce n’est qu’avec cet effort que les compréhensions des pratiques antiques se révèlent d’une cohérence rare et d’un précieux héritage. Car c’est dans le fond de cette pensée que nous pouvons puiser quelques sagesses primordiales, non pas en essayant de faire comme ça, mais en essayant de nous réapproprier le sens de notre appartenance à la Nature et le sens du sacré de cette appartenance.

Syd  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Druidisme

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